Interview de Matthieu Ballester de Nanny bag

Partez à la rencontre de Matthieu Ballester, CEO & Co-Foundateur de Nannybag, qui a accepté de nous raconter son parcours du lancement de son projet jusqu’à sa création.

CATÉGORIE TÉMOIGNAGES

Shana Marie-Joseph & Margaux Baudon

6/28/202210 min read

On a levé 2 Millions et à partir de là, on avait assez de fonds pour financer le projet, pour se développer. On a commencé à se développer dans pas mal de villes en Europe. Toutes les villes où on va en vacances et là Covid ! Ce fut moins drôle, tous les commerces ont fermé, les voyageurs ne pouvaient plus partir. Pendant 2 ans, nous n’avions plus de réservation, c’était assez compliqué, et finalement, on a tenu, on s’est restructurés. Et depuis début 2022, l’activité reprend très fort, on fait quasiment 2 fois plus que ce qu’on a fait en 2019 en termes de chiffre d’affaires, ça se voit beaucoup sur le site, on a beaucoup de personnes qui veulent déposer des bagages.

Avez-vous dernièrement fait des collaborations ?

Comment avez-vous pu financer le projet ?

Pour GetBiz, Matthieu Ballester, CEO & Co-Foundateur de Nannybag, a accepté de nous raconter son parcours du lancement de son projet jusqu’à sa création. L’aventure commence il y a 6 ans lors d’un voyage à New-York. Voulant profiter de son dernier jour de découverte, Matthieu va rencontrer un problème commun : celui de la valise et du check-out à midi. On le sait tous, c’est un vrai parcours du combattant pour visiter une ville si mouvementée avec un lourd bagage en main. De là, le service est né d’un réel besoin permettant d’aider les voyageurs à profiter de leur journée sans être encombrés de leurs bagages puisque ta Nanny (commerces, restaurants et hôtels partenaires) sera là pour te la garder en toute simplicité et sécurité.

En début d’année, nous avons commencé à discuter avec Pick up (le réseau de point relais de La Poste). Le fait qu’ils aient plus 70 000 points relais dans le monde peut être intéressant pour nous. Nous nous sommes dit que ça pouvait faire 70 000 points en plus sur notre site, sachant qu’aujourd’hui nous en avons à peu près 5 000. La collaboration nous permettrait d'être dans beaucoup plus de villes d’un coup, on a commencé à discuter et finalement, la signature s’est faite en début d’année et ils ont acheté 49 % de la boîte.

Donc voilà, c’est à peu près ce qu’il s’est passé en 5 ans. Il y a eu 3 ans de développement, 2 ans de crise sanitaire.

Avant NYC que faisais-tu comme études ?

J’ai fait une école de commerce à la Rochelle au début, à Sup de CO dans un parcours en 4 ans. J’avais fait 2 ans à l’étranger, 6 mois de stage à Londres (je voulais mieux apprendre l’anglais), j’ai fait 1 an d’étude à Pékin, et 6 mois de stage à Bruxelles et après, j’ai fini mon master à Paris à Neoma. Ensuite, j’ai fait une alternance. C’est un format que je trouvais intéressant, car on pouvait commencer à bosser, tout en suivant des cours.

Après, j’ai été en CDI pendant 6 mois. Pourquoi seulement 6 mois ? Parce que j’ai démissionné au bout de 6 mois. C’était bien payé, mais je me suis rendu compte que ça ne me plaisait pas, j’ai démissionné et j’ai voulu travailler dans une start-up. D’ailleurs, j’ai fait quelque chose d’assez particulier… Je leur ai dit qu’ils pouvaient me payer le minimum, en échange, je développais leur activité et en fonction de ce que je développais, j’obtenais des parts de leur boîte. Ils ont trouvé ça assez audacieux, mais ont accepté.

Je voulais absolument bosser dans une start-up pour avoir un peu d’expérience, et finalement pendant que j’étais dans cette boîte au bout de 2 mois, c’est là que j’ai eu l’idée de NannyBag parce que j'étais parti à New York pendant quelques jours et donc en rentrant en France je n’avais plus que ça en tête.

J’ai continué à bosser avec eux sauf qu'en fait, je faisais tout. Donc au bout de 6 mois, je leur ai dit que j’arrêtais. J’ai fait une rupture conventionnelle, ce qui m’a permis de toucher le chômage pendant 1 an et demi lorsque je montais Nannybag.

As-tu toujours voulu ouvrir une boîte ?

Je dois reconnaître que j’avais toujours eu envie de monter ma boîte, je ne saurais pas trop expliquer pourquoi. C’est peut-être lié au fait qu’à chaque fois que j’ai fait des stages j’avais le sentiment de m’ennuyer ou d’avoir fait le tour. Ce qui est un peu faux, car on ne peut pas dire qu’on a fait le tour d’un poste en 6 mois, ce n’est pas possible, selon moi, il faut beaucoup plus de temps.

J’ai toujours eu envie de monter ma boîte et New York était juste un déclencheur.

As-tu eu de l’aide pour construire ce projet (cours, asso, incubateur etc) ?

Oui, en fait, je n’ai pas eu la chance de suivre des cours d’entrepreneuriat, je sais qu’il y en a de plus en plus, mais ce n’était pas forcément le cas à l’époque, je trouvais ça dommage d’ailleurs parce que je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui sont intéressées pour monter leur boîte.

Du coup, moi j’étais un petit peu perdu, j’ai essayé de me renseigner comme je pouvais. J’ai trouvé mon associé qui travaillait dans la première entreprise où j’étais en CDI, lui, était ingénieur, donc une fois que je l’ai trouvé il m’a donné son feu vert pour démarrer, j’ai tenté de rentrer dans un incubateur qui s’appelle Welcome City Lab. C’est un incubateur qui est dédié au tourisme qui appartient à Paris&Co (le réseau d’incubateurs de la Mairie de Paris). En fait, chaque incubateur est dédié à un secteur (ex : tourisme, santé, sport), et donc moi j’ai rejoint celui du tourisme, la première année, je l’ai tenté, ils m’ont dit non parce que le projet n’était pas assez étoffé. Donc pendant 1 an, on a développé la boîte, on a essayé de se faire connaître. À la “mano”, j’avais fait un blog pour essayer de faire des articles pour nous faire connaître. Nous nous sommes débrouillés comme ça, en créant des pages pour toutes les villes où nous avons des consignes avec un URL spécifique "consigne bagage gare de toulouse” et avec ce blog, nous avons bien été référencé sur Google et cela nous a permis d’avoir nos toutes premières réservations.

Ensuite, nous avons pu automatiser car maintenant nous sommes dans 500 villes, il y a plein de gares à faire et dans toutes les langues, donc le blog devient compliqué à utiliser.

À propos de l’incubateur (Welcome City Lab), la deuxième fois nous avons été pris et effectivement ils nous ont aidé sur pas mal de sujets. Aussi, on a eu une subvention de 30 000 € avec la BPI.

J’ai participé à pas mal d'événements, il y en a beaucoup à Paris et à force de discuter avec des gens, on apprend les réflexes.

"Quand tu arrives à recruter des personnes qui sont meilleures que toi sur un domaine, c’est que tu as réussi"

Aurais-tu un conseil pour faire un bon pitch ?

*Rigole*  Comme on le dit “il faut boire de l’eau avant de monter sur scène” ça marche bien parce que les 30 premières secondes on peut être très stressé, alors qu’en fait il ne faut pas.

Pour le conseil, il dépend du but du pitch, il y a des pitch investisseur, des pitch pour présenter le concept au grand public, par exemple. J’ai fait des pitch devant des grandes assemblées aux États-Unis, Amsterdam, ces événements étaient liés au tourisme, donc dans ce cas là, il y avait des patrons de Booking, Airbnb qui viennent écouter. Donc ce sont des elevator pitch de 2 à 5 minutes, il faut aller directement à l’essentiel, il ne faut pas trop parler, il faut bien se préparer, le répéter chez soi, se chronométrer. À la fin on adopte des réflexes.

Si je pouvais donner un autre conseil, ce serait de ne pas faire trop de slides (1 slide par minute maximum). Et il faut s'entraîner, c’est comme quand on apprenait les poésies à l’époque.

A quoi ressemble une de tes journées en tant que fondateur de Nanny bag ?

C’est très varié, en fait être entrepreneur c’est un peu particulier parce que l’on doit être un petit peu bon partout. Au début, il faut apprendre des choses en développement web, s’il faut lancer un site, il faut apprendre à être référencé sur Google par exemple. À côté de ça, il faut savoir faire de la communication, il faut peut-être recruter des gens, lever des fonds, donc avoir des capacités en finance pour faire un business plan par exemple.

Rapidement, on est obligé de devenir bon un petit peu partout, sauf que c’est compliqué.

Au début, on est micro-entrepreneur et ensuite, on devient manager et ça n’a rien à voir. Il y a beaucoup d’entrepreneurs qui ne sont pas de bons managers, très souvent, je pense même et c’est pour cette raison qu’il faut apprendre à être manager, c’est de “l’humain”, c’est assez compliqué.

Donc la vie d’un entrepreneur elle est très variée parce que c’est aussi la vie d’un manager et il est possible de passer une heure à travailler sur le référencement, l’heure d’après faire un point avec tes équipes, ensuite manger, aller au sport et ensuite reprendre, travailler sur la finance, regarder la trésorerie.

Une journée type est difficile à définir, car cela varie tout le temps et c’est ce qui est très stimulant selon moi. On travaille sur tous les aspects et logiquement pour moi le meilleur entrepreneur c’est quelqu’un qui arrive à ne presque plus rien faire lui-même parce qu’il a réussi à recruter les meilleurs pour chaque poste.

Donc quand tu arrives à recruter des personnes qui sont meilleures que toi sur un domaine, c’est que tu as réussi, c’est cool car toi-même tu apprends toi aussi, c’est l’idéal.

Comment s’organise la structure de Nannybag ?

C’est assez particulier nous étions 40 en fin 2019, mais nous sommes descendus à 5 pendant le covid parce qu’il y a beaucoup de personnes qui sont parties, on a dû annuler des recrutements malheureusement, aujourd’hui, nous sommes 10. Nous avons tout automatisé, il y a beaucoup de tech, nous sommes capables de gérer tous nos points partenaires, tous nos clients parce qu’on garde plusieurs milliers de valises par jour en étant une toute petite équipe de 10 personnes.

Nous avons un pôle communication, tech, je m'occupe du développement de l’offre, donc se faire connaître, et pour la partie acquisition qu’il y a, on bosse à fond sur le référencement sur Google, une boîte qui le fait pour nous. On a un content manager (rédaction du site, blog, newsletter, communiqué de presse, une partie tech (2 dev), une personne pour les maquettes).

Il y a une équipe qui permet de développer les réseaux sociaux, une équipe partenariats acquisition, une partie développement web, une partie communication et marketing et aussi une équipe support (service externalisé).

Avez-vous un objectif de croissance ?

On veut absolument être partout, on veut qu’il y ait des points de stockage pour tes valises, ton kitesurf, ton vélo ect, partout à moins de 500 mètres.

Nous avons lancé un nouveau service, on fait du transport de bagages.

Je vous explique : vous voulez partir à New York, on récupère votre valise chez vous et on vous l’envoie directement dans votre chambre d’hôtel à New York, comme ça vous ne faites plus la queue à l’aéroport, le check in, vous partez sans votre valise, vous arrivez à votre hôtel où elle vous attend au pied du lit.

On l’a lancé et travaillons encore sur de nombreux détails.

Y a t-il une nouvelle ville dans laquelle vous voulez voir des nouveaux points de stockage?

Franchement, on ne se limite pas vraiment, on a la capacité de pouvoir se développer assez rapidement, ça va assez vite.

Pour prospecter une ville, il faut 2-3 semaines, 1 mois maximum pour faire toutes les rues, tous les commerces. Donc si on a deux personnes sur place, en 1 mois elles peuvent développer entièrement la ville.

Et à côté de ça on fait aussi des chaînes d’hôtels ou de magasin, par exemple en France on bosse avec Carrefour, on a des Carrefours qui sont inscrits sur notre site. On bosse avec Accord Hôtel, aussi, donc les Ibis, Mercure, ce qui est pratique avec ces partenaires, c'est que ça nous permet de nous développer dans plein d’endroits, car ils inscrivent 50 hôtels d’un coup, donc c’est plus intéressant que la prospection.

Il y a beaucoup “d’humain” et le réseau représente 5 000 magasins, et chaque magasin est complètement différent, on a une alimentation générale, on a un pressing, un restaurant, des conciergeries. Tout cela implique de bien gérer cette communauté.

Avez-vous beaucoup de refus ?

Au début, il n’y avait pas beaucoup de gens intéressés, la première fois c’est moi qui ai prospecté dans les rues de Paris. Quand on s’est rendu compte que ça ne fonctionnait pas avec les particuliers, j'ai prospecté de nombreux commerces en 1 semaine et mon pitch s’est amélioré. Voilà ce que je leur dis : je vous permet de monétiser l’espace vacant dans votre commerce et en plus ça, vous ramène des clients. L’argumentaire est simple, généralement ils acceptent, mais des fois nous avons des refus.

Savais- tu ce que tu voulais faire lorsque tu étais plus jeune ?

Pour moi, l'école permet de découvrir différentes choses. J’ai toujours eu une tendance plus commerciale, mais j’aurais pu partir sur du marketing ou de la finance, mais j’ai préféré quelque chose de plus commercial et c’est pour ça que j’ai fait Neoma et après, j’ai commencé à avoir envie de commencer à ouvrir ma boîte et je me suis lancé en me disant que je n’avais rien à perdre.

L'entrepreneuriat peut faire peur, on pense qu’il faut beaucoup d’argent, mais ce n’est pas forcément le cas, nous avons mis mon associé et mis un peu d’argent qui représente le capital social de la boîte.

En fait, l'idée est de tester le plus vite possible son projet, on apprend des choses à l’école (étude de marché, etc.), je pense que c’est bien de le faire, mais rapidement.